Testament du chercheur
C’est une lettre.
Le 3 Juin 1998
Ma chère Alma,
Je te fais toutes mes excuses de n’avoir pu t’appeler. L’homme
aux lunettes noires m’interdisait de téléphoner. Désolé,
Alma.
Je ne sais par où commencer, ni comment expliquer en quelques mots
ce qui s’est passé depuis la dernière fois que nous nous
sommes parlé, et je dois dire que je ne prends pas un bon départ.
J’éspère que tu va bien et que tu me pardonneras de m’égarer
par moments ; cette lettre n’est pas facile pour moi.
Alors que je t’écris, je sens les concepts les plus simples m’échapper
et laisser la place à un sentiment de désespoir et de confusion.
Je dois cependant te dire ce que j’ai sur le cœur avant de mourir.
Alma, je t’implore de me croire.
Il me faudrait des heures pour te raconter la totalité des événements
et le temps m’est compté.
Je te demande donc d’accepter les faits : Le mois dernier, il y a eu
un accident au laboratoire et le virus que nous étudiions s’est
propagé. Tous mes collègues ont été contaminés.
Ils sont soit morts, soit mourants.
La maladie est telle que ceux qui sont encore en vie ont complètement
perdu l’esprit. Ce virus dépossède ses victimes de toute
humanité et les forces à chercher avidement la vie et à
la détruire.
Alors que je t ‘écris, je les entends à ma porte, comme
des animaux affamés dépourvus de tout esprit.
Alma, je n’ai tenté de survivre que dans l’espoir de te
revoir.
Malheureusement, mes efforts ne peuvent que retarder l’inéluctable
: Je suis contaminé et je n’ai aucune chance d’échapper
à mon sort.
Je n’ai d’autre choix que de m’ôter la vie avant de
perdre ce qui me sépare de ces monstres. Je t’envoie tout mon
amour.
Dans une heure, j’aurai refermé mes yeux à jamais et je
connaïtrai enfin la paix. J’éspère que tu comprendras
mon geste. Je suis désolé.
Martin Crackhorn